Interview

1) – Qu’est-ce qu’un psychologue clinicien du travail ? D’abord un psychologue ??

Un Psychologue Clinicien du Travail est d’abord un psychologue diplomé d’état dont la particularité est d’analyser l’activité des métiers des professionnels. L’organisation du travail d’aujourd’hui est souvent prise dans une accélération permanente délétère. Le psychologue Clinicien du Travail, lorsqu’il intervient dans une entreprise ou institution, provoque alors un ralentissement salvateur : par son observation participative de l’activité, il ouvre un espace de réflexion à chaque individu par son action : il le questionne sur ce qu’il fait, et le sens qu’il donne a ses actes, afin qu’il puisse « reprendre la main » sur ce qu’il est. Le Psychologue Clinicien du Travail accompagne également les salariés lors de transitions ou reconversions professionnelles, de mobilité ou de licenciements (bilans de compétences, validation des acquis de l’expérience, conseil en orientation…).

2) – Quelle est votre activité au sein du Cabinet ISAAC. Quels sont vos domaines d’intervention ?

Mon activité au sein du Cabinet ISAAC se scinde en 3 secteurs distincts :

Souffrance au travail

– Consultations de souffrance au travail pour les salariés (secteur public ou privé) et les travailleurs indépendants.

– Formations sur les risques psychosociaux

– Enquêtes, audits sur les risques psychosociaux avec accompagnement à l’élaboration du plan d’actions.

– Réunions d’analyse de pratiques

– Cellules d’écoute psychologique

Psychothérapie

Prise en charge psychothérapeutique à visée analytique (psychanalyse) et/ou cognitivo-comportementale : pour adultes, adolescents, enfants, couples et familles.

Bilans psychologiques

Pour enfants et adolescents.

3) – Comment Vous distingue-t-on d’un Directeur(trice) des relations humaines?

Le DRH applique une stratégie de gestion des ressources humaines définie par la Direction et la décline auprès des managers et salariés. En tant que Psychologue Clinicienne du Travail, j’interviens ponctuellement, d’une façon autonome et indépendante, à la demande du CHSCT, du Comité d’Entreprise ou du directeur des relations sociales, pour analyser une situation de souffrance au travail dans l’entreprise.

4) – Quelle est votre place et image au sein du marché de l’emploi?

Les récentes lois sur les risques psycho-sociaux, sur le stress au travail et sur le Document Unique, donne obligation aux entreprises de prendre en compte ces problématiques. Mon rôle, en tant que Psychologue Clinicienne du Travail, devient alors primordial car il va s’agir de mettre en dialogue les professionnels en vue de provoquer un développement de leur activité. La santé au travail, c’est-à-dire le pouvoir d’agir dans son métier, d’utiliser ses compétences et son intelligence au service de son activité, en accord avec ses valeurs fondamentales, est indispensable pour l’équilibre psychique des salariés, et donc pour le développement de l’entreprise. « Le travail a le bras long » : cela veut dire que lorsque l’on est malheureux dans son travail, cela se répercute sur sa vie en générale, c’est-à-dire également dans la sphère  privée.

5) – Je note votre polyvalence. C’est un peu votre valeur ajoutée ?

En effet, c’est ma valeur ajoutée. Lorsqu’il y a souffrance au travail dans une entreprise, il faut intervenir sur le terrain et travailler avec les professionnels d’une façon collective, mais il faut également prendre en charge individuellement les salariés, en dehors de l’entreprise, et les prestations que proposent mon cabinet correspondent à cela : psychothérapies, coaching. Le fait également d’entreprendre un accompagnement à plus long terme, bilans de compétence, validation des acquis de l’expérience, plan d’action d’un projet de transition ou reconversion professionnelle, amène le salarié à se projeter positivement dans l’avenir, avec un projet de développement de carrière, et ainsi lui permet de ne pas rester sur ce qui le fait souffrir.

6) – Comment appréhendez-vous le monde de l’entreprise?

C’est un monde complexe, fait de structures très diverses, soumis à des changements brutaux. J’appréhende de façon optimiste les rapports employeurs-employés dès lors que les entreprises prennent vraiment en considération les risques psycho-sociaux et mettent en place des actions concrètes, notamment en faisant appels à des cabinets d’expertise comme le cabinet ISAAC.

7) – Quelle est votre image auprès des entreprises ?

Les entreprises ont compris qu’il fallait intervenir en urgence car l’organisation telle qu’elle se définit aujourd’hui, avec ses priorités financières, met en souffrance les salariés. Les entreprises me reçoivent donc avec intérêt et une attente conséquente en terme de résultat.

8) – Les choses se sont atténuées mais elles sont toujours là : les suicides chez Renault, à France Télécom, ce qui dénote une souffrance au travail. – Quelles causes pour quelle prévention ?

La principale cause de la souffrance au travail est une gestion de l’entreprise qui en exclut la dimension humaine. Des outils sont mis en place pour lutter contre le stress au travail, mais les professionnels ne sont pas suffisamment sollicités à titre d’experts de leur activité pour dialoguer sur leur métier et le mettre en développement. Ils sont souvent amputés d’une partie de leur activités qui est confiée par exemple à des prestataires délocalisés dans les pays où la main d’oeuvre est moins chère. Et lorsqu’il y a prise en charge des risques psycho-sociaux, elle n’existe qu’au niveau individuel, laissant penser aux salariés, qu’ils sont fautifs dans leur souffrance au travail puisqu’on les invitent à se faire soigner, sans penser à soigner l’activité.

9) – « Le harcèlement moral au travail » qui décrit une violence redoutable : quelle voie de prévention?

Concernant le harcèlement moral, la principale voie d’intervention et de faire appliquer les lois et accords d’entreprise concernant le respect du salarié, ceci en formant les managers à ces lois et en vérifiant que leurs objectifs d’activité ne soient pas en contradiction avec ces lois et avec leurs propres valeurs.

10) – Quelles sont les problématiques auxquelles vous êtes le plus confrontée?

Au niveau de l’entreprise, les demandes récurrentes concernent l’information-formation sur la gestion et la prise en charge du stress au travail. Je suis également très sollicitée pour accompagner les salariés lors de projets de restructuration ou de plans sociaux dans l’entreprise : mobilité, reconversion, reclassement… A titre individuel, les particuliers viennent me voir principalement lorsqu’ils sont victimes de harcèlement moral, de « placardisation » ou lorsqu’ils ont un projet de reconversion professionnelle

11) – Les qualités pour exercer ce métier ?

Pour exercer ce métier, il faut principalement avoir une grande expérience du monde de l’entreprise et de ses enjeux. Il faut avoir fait un travail sur soi pour pouvoir prendre suffisamment de distance lorsque l’on observe et analyse une situation lors d’une intervention ou lorsque l’on reçoit en consultation. Il faut bien sûr avoir une connaissance théorique approfondie de la psychologie. Pour finir, je dirai qu’il faut avoir de l’empathie et beaucoup d’énergie pour renforcer, porter et accompagner les personnes qui en font la demande. Cette énergie dépensée très positivement est très gratifiante et le retour que cela m’apporte est générateur de vraie satisfaction.

Je sus passionnée par mon métier.

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